Tournées
Le testament du curé Meslier
À sa mort en 1729, Jean Meslier, curé d’Étrépigny et de Balaives, paroisses du comté de Rethel, laisse un volumineux manuscrit «où l’on voit des démonstrations claires et évidentes de la vanité et de la fausseté de toutes les divinités et de toutes les religions du monde ».
Transformé par la postérité en archétype du « curé rouge », Jean Meslier devient sous la plume de Voltaire un « curé philosophe », écartant tout à la fois les superstitions et l’intolérance d’une Église « christicole », et les positions matérialistes exprimées par Helvétius, Diderot ou d’Holbach.
Ce texte percutant, flamboyant, sensible et irrévérencieux résonne diablement avec notre XXIe siècle et son actualité souvent dictée par le soi-disant nom de Dieu.
Qu'est ce que le théâtre ?
Qu’est-ce que le théâtre ? est une fable, écrite de concert par Hervé Blutsch et Benoît Lambert, imaginée à la manière d’un « manuel de survie en milieu théâtral », qui aborde tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’art dramatique sans jamais oser le demander. Lisa Robert et David Achour vous répondent, vous instruisent et vous apaisent, en conférenciers fervents, puis en acteurs possédés par une histoire délirante, une fiction rocambolesque qui les dépasse et nous initie au jeu d’acteur, tout cela en 40 minutes chrono, à la suite desquelles un temps d’échange et de rencontre de 15 minutes à lieu entre les comédiens et le public.
Martien Martienne
D'après les Chroniques Martiennes de Ray Bradbury
Il y a des histoires qui vous marquent enfant et ne vous lâchent pas adulte. Parmi celles-ci, fondatrices, Les Chroniques martiennes de Ray Bradbury n’ont cessé de me fasciner. Ce livre culte écrit en 1950 fait dialoguer Mars et la Terre à travers l’histoire de la conquête spatiale, métaphore de la colonisation et de la destruction des peuples, des espaces et des esprits terriens au cours de l’Histoire. Ray Bradbury dresse, dans une suite d’épisodes et de fables extra-terrestres, le portrait de notre société, de ses possibles, de ses espoirs et de ses catastrophes. Il compose un chant humaniste, un appel à l’ouverture face à l’autre, à l’étranger, à l’inconnu, pour aujourd’hui et pour demain (l’action se passe en 2030), en compagnie de martiens si humains… trop humains…
Extrait de la note d’intuition, Laurent Fréchuret
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Le pied de Rimbaud
D'après l'œuvre d'Arthur Rimbaud
« Je est un autre »
Promis à Dieu, un jeune séminariste sent naître en lui le double feu du désir et de la poésie. Alors commence un jeu vertigineux, le dialogue avec l’autre en soi, avec les autres en chacun de nous.
Dans une brûlante confidence, il nous dévoile son projet inouï : changer le langage, les relations, les opinions, les perceptions, l’amour… bref, la vie ! Un programme révolutionnaire, non sans humour, la déclaration d’intention d’un adolescent visionnaire ouvrant une fenêtre sur la modernité.
L’art théâtral étant collectif, ici, la solitude n’a pas d’avenir, et le Projet Rimbaud sera partagé, avec une voix et une musique d’aujourd’hui.
Maxime Dambrin, acteur singulier et puissant, gourmand de mots et de sensations, incarne cet éveil, ce manifeste debout au centre d’un printemps violent, avec l’ambition de métamorphoser l’enfer en illumination.
« … O Thimothina Labinette ! Aujourd’hui que j’ai revêtu la robe sacrée, je puis rappeler la passion, maintenant refroidie et dormant sous la soutane, qui l’an passé, fit battre mon cœur de jeune homme sous ma capote de séminariste !… Voici le printemps… »
Extrait de Un cœur sous une soutane
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Une trop bruyante solitude
Chef-d’oeuvre de Bohumil Hrabal, Une trop bruyante solitude est une fable politique à huis clos, grinçante, émouvante et désespérée où planent l’esprit de Beckett, de Kafka et d’Orwell.
Dans les entrailles de Prague s’élève la voix de Hanta, presseur de vieux papiers, qui raconte sa vie, et trente-cinq années passées à actionner la machine dont il a la charge.
Voix prégnante de mille autres voix : celle des amours passés, des amis disparus, mais surtout des poètes morts dont les vers, comme échappés des livres, trouent tels des feux follets l’obscurité de la cave…
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Créations
Les présidentes
Werner Schwab
L’histoire
« Les Présidentes… ce sont des gens qui croient tout savoir, et veulent décider de tout. Je viens moi-même d’une famille de présidentes ». Werner Schwab
Les Présidentes, ce sont trois femmes, trois vies minuscules fuyant leur misère en rêvant et délirant à voix haute jusqu’à toucher au sublime, à l’épouvantable. Trois figures issues de la « majorité silencieuse » qui se mettent à parler, et deviennent peu à peu sous nos yeux des figures antiques, transformant un fait divers en mythe.
Erna, Grete et Marie, sont trois toutes-petites-bourgeoises pétries de frustrations, rongées par de secrètes passions, Présidentes de leur égo, où chacune règne sur son nombril, ses fantasmes, son fragile petit domaine matériel et mental. Erna, championne de l’épargne, est obsédée par son charcutier polonais Wottila et porte la charge de son fils alcoolique. Grete, reine de la séduction, dont la fille a fui en Australie, se retrouve seule avec ses rêves de nymphomane. La petite Marie, incarnation de l’innocence, règne en jeune illuminée sur ce cloaque humain, en tant que spécialiste du débouchage manuel des toilettes, activité qu’elle pratique, en public, sans utiliser de gants.
Erna, Grete et la petite Marie se retrouvent dans la cuisine d’Erna alors que le pape parle à la télévision. Pour oublier leur quotidien insupportable, elles basculent très vite dans un délire verbal et s’adonnent à un rêve éveillé, enivrées d’alcool et de leurs propres chimères. La surenchère est la règle du jeu, elles s’affrontent verbalement, puis physiquement avec une énergie inouïe sans jamais renoncer à leur increvable désir. Ce trio halluciné nous embarque dans son psychodrame terrible, hilarant et sans retour. Les Présidentes sont des monstres, des furies, des suppliantes. Elles sont notre reflet le plus terriblement inspiré.
La Langue et le jeu
« La langue tire les personnages derrière elle comme des boites de conserve qu’on aurait attachées à la queue d’un chien. » – Werner Schwab
En inventant une nouvelle langue, brute et sensible, dévastatrice, sauvage, pour faire parler ses Présidentes, Schwab nous invite à lutter joyeusement contre l’uniformisation du monde et de la pensée en résistant par le plaisir. Ce bucheron-sculpteur du langage fait œuvre de théâtre, cette éternelle entreprise à recycler la vie, à broyer les mots, à détruire les pensées officielles pour inventer une autre réalité. L’auteur nous propose un vaccin contre les langues de bois, les certitudes, les fanatismes, les populismes, les fascismes de tous poils.
Nous voilà invités à un étrange banquet, dans l’arrière-cuisine, dans une cave de l’humanité. Ici, les Présidentes et leurs mots démesurés nous entrainent dans un voyage au bout de l’affabulation. Elles partagent, en adresse et en proximité avec les publics, leurs délires devenus chair humaine, trop humaines.
Pour jouer avec ce poème monstre, cette parole affranchie, le parti pris sera celui de l’épure et de la radicalité, incarnées par la présence d’un trio d’actrices, présidentes de leur langue, présidées par la langue et le jeu.