L’ÉTÉ 1991, un livre change ma vie : “Molloy” de Samuel Beckett, un roman qui est aussi du théâtre, un déclencheur qui va nous donner beaucoup de travail. Jérôme Lindon, aux Editions de Minuit, tout d’abord réticent, finit par nous accorder sa confiance amicale et les droits (limités à la région Rhône-Alpes) pour incarner sur scène la trilogie “Molloy – Malone meurt – L’Innommable”.
LE 16 DÉCEMBRE 1993, (sainte Alice), nous nous retrouvons avec quelques camarades au Grand Café de Lyon à Saint-Etienne, aujourd’hui un magasin de prêt à porter, pour fonder LE THÉÂTRE DE L’INCENDIE. Dans nos têtes des projets pour dix ans.
LES MOTS PEUVENT ÊTRE DES VIRUS — variété infinie de langues de bois — des outils de manipulation et de falsification de l’humain. Ils peuvent aussi être subversifs et jubilatoires, grands artisans de la liberté. Le théâtre aussi peut recouvrir diverses réalités. Et par exemple, rendre sensible quelque chose d’intime, de secret. Une arme pour donner corps au profond joyeux de toute révolte. Une possibilité de sortir de la grande galerie marchande pour se retrouver dans le terrain vague.
ET VOILÀ L’ACTEUR d’où sort la parole étrange, sincère, inquiétante, naïve, violente. Jeu mortel et jeu des enfants, douceur inavouée, cruauté (qui signifie : appétit de vie), nostalgie d’un monde perdu, intuition d’un monde à naître. Et voilà l’acteur, le monstre, l’humain et l’animal fabuleux. Voilà l’Incendie.
1994/98 : Tournées en Rhône-Alpes, en France… Après quatre ans de vagabondage, le Théâtre de Villefranche-sur-Saône et son directeur Alain Moreau, nous propose une halte, un plateau et des moyens pour répéter et jouer nos pièces, de multiples rencontres avec une équipe, une population, des publics. Cette résidence durera six ans. Joyeux chantiers municipaux.
MÊLÉES POÉTIQUES : Beckett, Genet, Cioran, Carroll, Fo, Valletti, Joyce, Noël, Cocteau, Artaud, Britten, Copi, Burroughs, Bond, Pasolini… C’est en compagnie de ces inventeurs de mots, de mondes, que nous vivons l’aventure intitulée « Le poème et les voix humaines ». Autour de chacun de ces dramatiques auteurs, il s’agit de composer la troupe idéale, hétéroclite, fervente. Et voilà les comédiens, danseurs, constructeurs, musiciens, scénographes, chanteurs, maquilleurs, éclairagistes, metteur en scène, peintres, compositeurs, administrateur, sonorisateur, costumiers… (Intermittents du spectacle) qui rêvent et réalisent une histoire pendant quelques mois, tentative d’une petite démocratie (en attendant la grande).
Quelques banderoles manifestes :
« Inventer ensemble »
« Résister par le plaisir »
« Voyager dans l’espace et dans le temps »
« La géométrie dans l’espace c’est de l’amour bien placé »
« Ici on se parle. »
2004 : pour ses 10 ans, LE THÉÂTRE DE L’INCENDIE se met en sommeil à Saint-Etienne,
et va rêver ailleurs. Suite des aventures au THÉÂTRE DE SARTROUVILLE, Centre Dramatique National.
LE 1ER JANVIER 2013, nous réveillons le Théâtre de l’Incendie à Saint-Etienne, avec plus que jamais le désir de résister par le plaisir d’écrire et de jouer la suite.
LE THÉÂTRE EST UN ART COLLECTIF. La solitude n’a pas d’avenir. Le duo complice que nous formons depuis 25 ans, Slimane Mouhoub et moi est le noyau dur de l’Incendie qui permet d’activer un dialogue permanent sur les actions et les projets de la compagnie afin de composer pour chaque aventure théâtrale la troupe d’acteurs et de collaborateurs artistiques idéale.
En 2024, le départ de Slimane Mouhoub à la retraite et l’arrivé de Baptiste Delhomme marque l’ouverture d’une nouvelle page dans l’histoire de la compagnie.
Au fil des ans des fidélités et des affinités artistiques se sont renforcées parmi lesquelles les comédiens, scénographes, maquilleuses, costumières, éclairagistes, musiciens, créateur son, régisseurs, collaborateurs artistiques, traductrices :
Dominique Pinon, Nine de Montal, Martine Schambacher, Amaury de Crayencour, Jessica Martin, Pierre Hiessler, David Houri, Vanasay Khamphommala, Stéphanie Mathieu, Eric Rossi, David Carreira, Claire Risterucci, François Chabrier, Alain Deroo, Bob Lipman, Dominique Lentin, Jacqueline Carnaud, Mounir Margoum, Thierry Opigez, Philippe Baronnet, Elya Birman, Eric Borgen, Eléonore Briganti, Kate Combault, Xavier-Valery Gauthier, Harry Holtzman, Laetitia Ithurbide, Sarah Laulan Jorge Rodriguez, Vincent Schmitt, Edouard Signolet, Samuel Jean, Claude Thomas, Florence Dupont, Dorothée Zumstein, Laurent Berger, Renaud Lescuyer, Elizabeth Macocco, Rémi Rauzier, Xavier Boulanger, Vincent Nadal, Mireille Mossé, Catherine Germain, Olivier Constant, Philippe Duclos, Odja Llorca, François Cervantes, Jean-François Pauvros, David Greilsammer, Albert Delpy, Franck Thevenon, Flore Simon, Laurent Castaingt, François Pelaprat, Nadège Joannes, David Achour, Lisa Robert-Césaro, Pierre Grange, Cécile Chatignoux, Jean-Yves Cachet, Patrick Jammes, Stéphane Bernard, Pauline Huruguen, Hélène Breschand, Lionel Martin, François Robin, Takumi Fukuschima, Claudine Charreyre, Mychel Lecoq, Les Percussions claviers de Lyon : Sylvie Aubelle, Renaud Cholewa, Jérémy Daillet, Gilles Dumoulin, Lara Oyedepo – François Chattot, Moritz Eggert, Scenocosme – Grégory Lasserre & Anaïs met den Ancxt, Jean-Pierre Michel, Arnaud Perrat, Alex Costantino, Cécile Destouches, Jérôme Rio, Jean Vinet, Caroline Michel, Sylvain Delcourt, Antoine Besson, Arnaud Olivier, Sébastien Combes, Colombe Lauriot Prévost, Françoise Chaumayrac, Damien Schahmaneche, Jean-Claude Bolle-Reddat, Thierry Gibault, Maxime Dambrin, Flore Lefebvre Des Noëttes, Mireille Herbstemeyer, Laurence Vielle, Sophie Jacquet, Louise Foret, Louise Bénichou, Alizée Durkheim-Marsaudon, Christine Brotons, Lara Raymond, Khaled Aljaramani, Mohanad Aljaramani, Raphaël Vuillard…
Le Théâtre de l’Incendie est basé à Saint-Etienne dans le département de la Loire, ancré dans son territoire en région Auvergne-Rhône-Alpes, mais il a vocation à diffuser ses spectacles, créations et spectacles du répertoire, sur l’ensemble du territoire national.
La compagnie est présente artistiquement sur l’agglomération stéphanoise, son territoire d’implantation, grâce à une collaboration effective avec les institutions artistiques et culturelles locales, la Comédie de Saint-Etienne – centre dramatique national, le Centre culturel de la Ricamarie ou la compagnie est en résidence, l’Opéra de Saint-Etienne, … la compagnie est en lien avec l’ensemble des acteurs culturels de son lieu d’implantation. Cette collaboration avec les lieux de diffusion locaux nous permet de poursuivre, d’enrichir et de renouveler la relation que nous tissons depuis près de vingt-cinq années avec les publics de l’agglomération stéphanoise.
La compagnie travaille également à être présente sur l’ensemble du territoire national et sur l’ensemble des cercles de diffusions : Centres dramatiques nationaux, Scènes nationales, Scènes conventionnées, Théâtres de ville, mais également des lieux de diffusion plus modestes dont nous estimons le travail et l’engagement.
Se projeter dans les trois ans qui viennent, c’est répondre au monde qui nous entoure avec ce que nous sommes et ce que nous tentons d’inventer dans notre travail théâtral. C’est-à-dire affirmer, plus que jamais, que « nous ne pouvons renoncer au nom d’humain » comme le disait Edward Bond en préambule à ses pièces de guerre. En agissant dans notre lieu et en pensant avec le monde, nous travaillerons à allumer, l’espace d’un acte, une joie qui déplace les montagnes, l’art comme relation.
Trois œuvres seront au cœur de notre projet artistique pour la période 2025 / 2027 :
VIVANTE – Simon Grangeat – Trio Bab Assalam
Au seuil de sa majorité, une jeune fille vient demander à sa grand-mère de faire récit.
Elle pousse la parole, use ses forces à briser les silences.
L’autre résiste – les blessures sont anciennes.
C’est la lignée entière qui est à vif et se souvenir réactive les plaies.
Elle préférerait laisser toute l’histoire enfouie, mais sa petite-fille insiste, fouille, ressort carnets, photos et articles découpés…
Une vie après l’autre, le vingtième siècle ressurgit dans ses violences et ses espoirs, dans ses défaites successives, aussi, qui entravent le présent.
Les combats d’aujourd’hui se nourrissent de ceux d’hier.
Petit à petit, des vies se dessinent – minuscules – exemplaires ?
Une arrière-grand-mère au nom de guerre, Esperanza.
Un arrière-grand-père algérien mystérieusement disparu, Farouk.
Les traversées s’additionnent entre l’Espagne, l’Algérie et la France.
Scène après scène, des fantômes surgissent.
Disent les deuils inaccomplis.
Les renoncements.
Les mots trop longtemps tus.
Le français se tisse à l’espagnol.
L’arabe refait surface, qui avait été enseveli depuis trop longtemps.
Vivante joue des présences et des absences remarquables, des corps et des fantômes persistants, des mots qui se disent et de tous ceux qui restent passés sous silence.
Dans un temps où le repli sur soi menace de toute part, où l’ignorance de l’Histoire et de ses complexités empêche la pensée de se déployer, j’ai voulu tenter une fiction.
Mettre en jeu des personnages abîmés par les barbaries du vingtième siècle.
Nos barbaries.
Et tenter une réparation par la parole, par le poème et la musique.
Que mélodies et mots enfin reliés puissent redresser les vivants, les porter vers l’accueil plutôt que vers la haine.
Vers la joie de la rencontre plutôt que vers l’enfermement et la solitude.
Simon Grangeat
NOTE D’INTUITION :
Le théâtre est un art collectif. Ici, la solitude n’a pas d’avenir. Ici on se parle, on joue, on déjoue la catastrophe, on marche dans le temps et dans l’espace. De la table au plateau, on invente ensemble.
J’ai rencontré les musiciens chanteurs Khaled Aljaramani, Mohanad Aljaramani, Raphaël Vuillard, j’ai vibré à l’écoute de leur trio franco-syrien Bab Assalam, la musique immémoriale du Oud en dialogue avec la musique pleine d’électricité de la modernité, et je leur ai « passé commande », c’est-à-dire que j’ai rêvé qu’ils composent une musique nous emportant loin de nous et loin en nous-même, qu’ils déploient un chant voyageur, mélangeant les époques, et ravivant les espoirs et les aveux.
Après une première aventure de création partagée (avec la pièce L’INFÂME) j’ai retrouvé l’auteur Simon Grangeat pour, également, lui « passer commande d’écriture » avec un nouvelle pièce en écho à notre monde en mouvements (en spasmes ?), c’est-à-dire que j’ai rêvé qu’il écrive une histoire poignante, pour des oreilles adultes et adolescentes, un texte dialoguant avec aujourd’hui. Simon a rêvé d’une partition pour deux femmes – une grand-mère et une petite fille – d’une mêlée de sentiments, de mémoires, de chant, de langues croisées (française, espagnole et arabe), de révélations, d’éveil, d’empathie au travail.
Avec les comédiennes Christine Brotons et Lara Raymond, nous nous sommes « passé la commande » d’avancer ensemble, de tenir ce cap du désir, de travailler, de la table au plateau, de construire des êtres, d’habiter une histoire, de jouer le jeu des enfants, des mortes et des vivantes jetées les unes contre les autres, et parfois tissant un lien, esquissant un sourire qui traverse l’inconnu. Cap sur une maison commune !
Nous nous attacherons à ces femmes qui jouent aux indiennes, qui échangent le sang et les paroles, comme deux détectives remontant le temps, se cherchant ailleurs et autrefois pour apaiser notre besoin de consolation, ici et de maintenant. Deux femmes accompagnées par des fantômes, par des hommes, des musiciens les appelant au secours. Cinq âmes de chair et de chant, décidés à passer à table, à délivrer une histoire pleine de trous, comme autant de silences où placer un mot, comme autant d’espaces où rêver, comme autant de refuges pour échafauder de nouvelles résistances au malheur, pour tracer l’ombre d’une chance.
VIVANTE suite, VIVANTE fugue, VIVANTE ronde, la pièce déroule le fil d’échanges humains, de scènes au coeur battant, de silhouettes croisées, de chant de revenants, de voix de confidentes tutoyant ces inconnu(e)s dans la salle, les spectateurs, la seule communauté qui vaille : la communauté des mortel(le)s.
Laurent Fréchuret
Vivante se réalisera en partenariat avec le Centre Culturel de La Ricamarie et le Théâtre de Villefranche-sur-Saône.
LABORATOIRES ARTISTIQUES ET CRÉATION D’UNE FORME TOUT-TERRAIN
Le Laboratoire au long cours, auquel la compagnie est attachée, c’est cet endroit et ce temps d’une première rencontre, d’un premier essai, de la table au plateau, entre des artistes et des textes. Nous poursuivrons l’expérimentation lors de nouvelles cessions de travail. Ces moments de travail sont précieux, libres, dégagés de tout résultat immédiat. Ils permettent une sorte de « recherche fondamentale » où se perdre et se trouver, un espace d’invention riche, afin de rêver, de tenter, et d’enclencher parfois le processus d’une nouvelle création.
Une fois tous les trois ans, ce Laboratoire régulier est le lieu de naissance d’une forme théâtrale techniquement légère. Une pièce tout-terrain, pouvant rencontrer dans les lieux les plus divers (salles de classes de collèges et lycées, petits espaces théâtraux, médiathèques, cinémathèque, musées, lieux extérieurs, appartements…,) les publics les plus divers.
Oncle Vania – Anton Tchekhov
« Qu’y faire ? Nous devons vivre. Nous allons vivre, oncle Vania… » Tchekhov
Maxime Gorki à Tchekhov : « Pas moyen d’écrire clairement, ce que cette pièce vous fait naître dans l’âme, mais je sentais cela en regardant vos personnages : c’était comme si on me sciait en deux avec une vieille scie. Les dents vous coupent directement le cœur, et le cœur se serre sous leurs allées et venues, il crie, il se débat. Pour moi, c’est une chose terrifiante. Votre Oncle Vania est une forme absolument nouvelle dans l’art dramatique, un marteau avec lequel vous cognez sur les crânes vides du public. » (Lettre de 1898)
Cinquante ans avant Beckett, à l’aube du vingtième siècle, Anton Tchekhov écrit Oncle Vania, révolutionnant l’art dramatique de son temps, en décrivant des humains qui ne sont pas des héros, mais des « gens ordinaires », pétris de rêves jamais aboutis ou réalisés, mélancoliques habitants d’une époque approchant de sa fin, se laissant porter par une vague qui bientôt les transformera.
Avec le génie d’un peintre impressionniste des sentiments, Tchekhov trouve les mots pour dire l’air du temps et annonce une révolution qu’il ne connaîtra pas (il meurt en 1904) mais qu’il pressent.
« Oncle Vania. Scènes de la vie de campagne en quatre actes », voilà le cadre du quotidien d’une famille, d’une petite société, qui se trouve déréglée par la présence du professeur Sérébriakov, s’installant pour quelques temps dans la propriété de sa première épouse, en compagnie de sa jeune et désirable femme, objet de trouble pour le médecin Astrov, passionné d’écologie, et de Vania, éternel ruminant de sa vie ratée.
Tous ces personnages, impuissants, paradoxaux (humains, trop humains !) restent absurdement attachés à leur mode de vie et ne sont pas prêts à changer. Lucides dès le départ, ils savent la trahison de leurs idéaux, le poids du temps et la force des habitudes, la peur de révolutionner la vie qui reste à vivre. Ils aiment à parler d’un futur lointain où l’humanité sera heureuse, grâce à leur sacrifice, c’est leur consolation.
Scènes de velléitaires humains en milieu naturel, cette petite troupe de solitudes croisées doit « faire société ensemble », et nous observons ces boutures d’hommes pour mieux nous reconnaître. La vision de Tchekhov est pleine d’une charge émotionnelle bouleversante, entre humour noir et folle tendresse, créant l’empathie, l’espoir et l’inquiétude comme autant d’outils d’éveil. Avec Oncle Vania, nous voilà désillusionnés et pourtant armé (non sans humour) d’une vitalité mélancolique. Tchekhov nous rend joueurs avec notre malheur.
Tchekhov, peu confiant en ses capacités dramatiques, invente un nouveau type de drame qui rompt radicalement avec la dramaturgie classique d’une action bien construite selon les principes établis dans la Poétique d’Aristote. Et c’est en marchant intuitivement dans l’inconnu qu’il va ouvrir une fenêtre sur la modernité dramatique. La situation et l’action d’Oncle Vania ne manque pas de cohésion ni de cohérence, mais elle n’avance pas selon les schémas vieux de deux mille ans, car elle ne semble pas donner à voir des personnages « importants » à travers une histoire « extraordinaire ». Oncle Vania met en effet en scène une impasse existentielle où se trouvent piégés des personnages banals conscients d’avoir raté leur vie. Vania est avant tout une pièce sur un rapport désillusionné à la vie qui reste à vivre. Car si les personnages n’attendent plus rien de la vie, ils ont toujours envie de vivre. Formidable nourriture pour des acteurs, les personnages paradoxaux de Vania, même désabusés sont pleins d’une énergie vitale, d’emportement, de rythme, d’une pulsion dramatique. « Qu’y faire ? Nous devons vivre. Nous allons vivre, oncle Vania… » écrit Tchekhov, et Beckett ajoutera cinquante ans plus tard : « Chaque jour envie, d’être un jour en vie…non certes sans regret, un jour d’être né ».
Vania est la réécriture d’une pièce de 1889 mal accueillie par le public, L’Homme des bois. La pièce aurait pu s’appeler Astrov, tant ce personnage est central et moderne sur les deux thèmes de l’amour impossible et de sa vision de la destruction de la nature par l’homme, entrainant sa propre chute. Astrov dénonce le plus souvent la destruction à laquelle se livrent les hommes poussés à contenter leurs besoins primaires sans rien construire en retour et sans avoir une vision plus large. Son regard se porte en particulier sur les forêts dont l’abattage laisse place à une nature dégradée alors que la forêt est vitale pour préserver un équilibre et une biodiversité salutaires pour les hommes. Et, en l’entendant, nous transposons naturellement cette parole prophétique à l’échelle de notre petite planète actuellement en pleine crise climatique.
À l’acte IV, Astrov dit à Vania : « Ceux qui vivront cent, deux cents ans après nous, et qui nous mépriserons d’avoir vécu si bêtement, avec si peu de goût pour la vie… ceux-là, peut-être, trouveront le moyen d’être heureux, mais nous ! … » Les personnages des pièces de Tchekhov nous parlent, les yeux dans les yeux, dans une grande proximité à travers l’espace et le temps, et le spectateur d’aujourd’hui, jeune ou moins jeune, sent qu’on attend sa réponse à cette question qu’ils nous posent : « Et vous maintenant, êtes-vous heureux ? ».
Par les thèmes abordés, Oncle Vania ne semble pas avoir vieilli, mais au contraire respirer toujours au présent. Ces personnages ne cessent pas de raconter des histoires qui touchent au cœur l’ensemble des hommes. De son vivant, Tchekhov ne pensait sans doute pas aussi bien faire et réussir ainsi à créer les personnages de tous les temps, de tous les âges, de tous lieux. Nous allons les incarner avec radicalité, dans un espace jouant la proximité d’une troupe d’acteurs vibrant avec les publics d’un même souffle.
Un chef-d’œuvre classique, c’est quelque chose de jeune qui traverse le temps. Nous allons l’incarner avec radicalité, dans un espace nu quadri frontal, jouant la proximité d’une troupe d’acteurs, vibrant avec les publics d’un même souffle.
LE REPERTOIRE
Nous continuerons, en 2025 et au-delà, de partager les œuvres déjà créées et inscrites au répertoire de la compagnie.
Fin de partie sera en tournée à Odyssud-Blagnac, au Théâtre La Passerelle Saint-Just-Saint-Rambert, au Théâtre les Pénitents Montbrison, au Théâtre de Chelles, au Théâtre de Lorient/ Cdn.
L’Infâme, débutera l’année 2025, par une série d’une quinzaine de représentations au Théâtre de la Reine Blanche à Paris, une tournée est en cours d’élaboration.
ACTIONS CULTURELLES ET ARTISTIQUES
Le Théâtre de l’Incendie continuera et renforcera – en particulier grâce au nouveau potentiel qu’apporte le lieu BELLEVUE – son travail de formation, d’ateliers et de chantiers d’actions culturelle et artistiques.
De nombreuses actions sont en cours de réflexion ou de conception avec le Conservatoire de St-Etienne, l’École de la Comédie de Saint-Etienne, l’Opéra de St-Etienne, le Théâtre de Villefranche-sur-Saône, La Maison d’arrêt de Villefranche-sur-Saône, la Médiathèque de St-Etienne, …
Un atelier hebdomadaire de jeu d’acteur sera proposé sur le plateau de BELLEVUE, adressé aux amateurs de 15 à 80 ans, avec le désir de faire se rencontrer dans le travail d’interprétation une vingtaine de participants d’une grande diversité, sur la durée.
Nous continuerons le travail de jeu théâtral commencé il y a deux ans, avec des MNA (mineurs non-accompagnés) à Saint-Etienne.
BELLEVUE, lieu d’invention artistiques à Saint-Etienne
Dès le printemps 24, Le Théâtre de l’incendie emménage et anime une fabrique théâtrale à Saint-Etienne pour y développer :
Cet outil de création partagé permettra de nouveaux compagnonnages, de nouveaux partenariats artistiques, une implantation renforcée à Saint-Etienne et dans la région, une base pérenne pour le rayonnement des projets à venir.
Le nouveau projet du Théâtre de l’Incendie se réalisera avec une équipe pour partie renouvelées et renforcée. De facto, le départ de Slimane Mouhoub (retraite), administrateur de la compagnie depuis 1999, notre nouvel ancrage territorial que corrobore l’installation physique de la compagnie à BELLEVUE, les évolutions notables que connaît notre champ professionnel sont autant d’éléments qui nous invitent à interroger et repenser l’organisation de notre structure.
Questionner notre fonctionnement nous conduit à conforter deux choix organisationnels :
Un travail de transmission-passation a été mis en place de mai à juillet 2024, entre Slimane Mouhoub et son successeur, action, à laquelle a été associée le directeur artistique. Nous avons fait le choix d’une personne jeune, moins de 30 ans, Baptiste Delhomme, diplômé d’un master de direction de projets culturels à l’IEP de Grenoble, connaissant déjà une expérience professionnelle réussie dans ce type de fonction et ayant un engagement associatif significatif.
Le Théâtre de l’Incendie est conventionné par :
Le Théâtre de l’Incendie est régulièrement soutenu par :
Le Théâtre de l’Incendie est compagnon artistique
La compagnie est en lien avec différents acteurs artistiques et culturels régionaux et nationaux :